Un autre regard sur la dette publique et sa solution...

Publié le par Phanette

Je voudrais partager avec vous un article que je viens de trouver  et qui résume un peu le stage que j'ai fait avec Ph. Derudder...

Un autre regard sur la dette publique et sa solution link

Par Philippe Derudder

  La dette ? Un choix idéologique politique 

La dette Publique. Voilà bien un sujet sur lequel le citoyen est manipulé. Depuis des mois, les réunions ne cessent de se suivre pour « sauver l’Europe, sauver l’euro ! », nous dit-on. 

Comme le langage peut être trompeur car en fait de cela c’est sauver les banques et les intérêts des investisseurs ! Dont il s’agit. Car les milliards qui sortent des mesures prises ne bénéficient en rien aux pays en difficulté. Ils ne visent qu’à les rendre capables d’honorer les prochaines échéances. Pourrait-on s’affranchir des marchés ? Aurait-on pu éviter la dette ? Peut on encore le faire ?Oui ! Mais de cela il n’est nullement question au sein de la gouvernance libérale européenne actuelle qui choisit de rester sous la tutelle des marchés et de les « rassurer » 

  Comment on s’est tiré une balle dans le pied 

Un état ne dispose que de quatre moyens pour financer ses dépenses : l’impôt, qui constitue ses recettes, l’emprunt et la création monétaire par la Banque Centrale, en cas de dépassement de budget et... la fin de la gratuité en rendant payant, ou plus couteux l’accès aux services publics pour faire diminuer les dépenses. 

Il y a peu de temps encore, avant la signature du Traité de Maastsricht (1992), l’État utilisait les trois premiers moyens, ce qui le dispensait de rogner sur les services publics. Mais le compromis franco-allemand de 1991 sur le statut de la BCE (Banque centrale européenne), copie conforme de celui de la Bundesbank, portait en germe le cauchemar qu’est devenue l’Union Européenne régie par l’actuel traité de Lisbonne, arraché par manœuvre politique pour contourner l’opposition marquée par la France et les Pays Bas lors du referendum de 2005. En effet, parmi les quatre moyens, le Traité de Maastricht en neutralisait deux, les deux principaux : 

  l’impôt, en premier, car la monnaie unique sans solidarité entre ceux qui sont contraints de l’utiliser, mais avec liberté totale de circulation des capitaux, y compris en dehors de l’Union européenne, rend obligatoire la concurrence fiscale, dont la conséquence est la réduction des recettes de l’État. Les niches fiscales et divers cadeaux consentis aux plus riches et aux grandes entreprises constituent un manque à gagner de l’ordre de 145 milliards en 2010. Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, pour justifier les mesures d’austérité, ce ne sont pas les dépenses de l’État qui augmentent, (elles restent parfaitement stables par rapport au PIB, autour de 22%, allant même en diminuant), mais les recettes qui s’effondrent,(elle sont passée à 15,1% en 2009 contre 22,5% en 1982 !) 

  Le financement direct du Trésor Public par la Banque Centrale, en second, option que les financiers diabolisent en la qualifiant dédaigneusement de « planche à billets », associée idéologiquement à l’épouvantail de l’inflation. Pourtant jusqu’en 1973 dans notre pays, l’État avait souvent recours à des avances de la Banque de France au Trésor pour couvrir ses besoins de trésorerie ! La loi de 3 janvier 1973 mit un sérieux coup de frein à cette possibilité, coup de frein qui se transforma en impossibilité définitive après Maastricht. Or, c’est à partir de 1973 que la dette publique a commencé à s’envoler ; ce qui est particulièrement intéressant mais scandaleux, c’est de considérer l’évolution de cette dette avec sans intérêt. 

Le constat est sans appel. Oui le budget de l’État est en déficit constant depuis plus de 30 ans, mais seulement après paiement de l’intérêt. Si on regarde sur la même période les soldes primaires (soldes des comptes de l’État avant paiement de l’intérêt sur la dette) on verra que bien souvent ils étaient équilibrés ou excédentaires. C’est l’intérêt, dont le seul poids actuel absorbe la totalité de l’impôt sur le revenu das notre pays, qui met systématiquement le budget en déficit. C’est le fait d’avoir interdit au systéme de banques centrales de la zone euro de financer directement les besoins des États (article 104 du traité de Maastricht repris aujourd’hui dans l’article 123 du Traité de Lisbonne) qui oblige les États à emprunter leur propre monnaie, qu’il leur revient pourtant de droit d’émettre gratuitement ! 

On peut certes comprendre la hantise qu’éprouvent nos voisins allemands à l’égard de l’inflation quand on connait l’histoire de l’entre deux guerres. Mais le monde de la finance a su l’utiliser et la transformer en paranoïa transmise au reste de l’Europe. C’est le ver qui est en train de faire pourrir le fruit, qui paralyse l’imaginaire en rendant inexplorables certaines voies possibles et qui conduit à ne prendre que des mesures injustes et injustifiées, satisfaisant les seuls intérêts des investisseurs dont il serait pourtant simple de se passer. 

  Choisir la cohérence 

Mais si l’on a compris que la monnaie moderne est une simple écriture sans valeur propre, créée par la seule volonté humaine, alors s’ouvrent des horizons infinis. 

  Il n’est pas anodin de constater que les deux crises majeures auxquelles nous sommes confrontés se manifestent d’une part au travers de la monnaie, expression de la richesse symbolique (outils qui représente la valeur que l’on accorde à un bien ou un service) et, d’autre part au travers de l’écologie, expression de la richesse réelle (ce que nous offre la Planète Terre et l’activité humaine). 

Il n’est pas anodin non plus de réaliser que dans l’état actuel de notre façon de penser, les remèdes préconisés soient contradictoires : La croissance pour l’économie, la sobriété pour l’écologie. Cette contradiction est à l’image de celle qui habite la pensée humaine, elle est l’invitation à nous mettre en cohérence. 

Or nous avons un outil à notre disposition, celui des monnaies complémentaires qui permettraient de sortir de la contradiction. 

Le problème fondamental, jamais abordé, tient au fait que la richesse prise en compte par l’économie est celle qui découle de l’activité rémunérée. Or cette activité est non seulement loin de représenter la globalité de la richesse de l’activité humaine (bénévolat, éducation des enfants, jardinage, etc.) mais en plus a tendance à se réduire tant en nombre sous l’effet des gains de productivité liés à l’amélioration des technologies, qu’en revenu sous l’effet de la mise en concurrence des forces du travail au niveau mondial. 

Mais si on acceptait d’élargir le champ de l’activité humaine en reconnaissant la richesse dans tout ce qui peut améliorer la qualité de la vie sans qu’il y ait nécessairement un marché pour l’acheter, alors tous les problèmes auxquels nous nous heurtons trouveraient une solution. 

Comment cela serait-il possible financièrement ? Il suffirait d’introduire une monnaie complémentaire adaptée à cet objectif. Ainsi aurions-nous deux monnaies, une marchande, l’euro, devise internationale et une autre « qualitative » nationale, n’ayant cours qu’à l’intérieur de chaque pays membre pour irriguer ce nouveau champ économique, ni par l’impôt, ni par l’emprunt, mais par simple émission à hauteur des besoins déterminés par les projets décidés démocratiquement. 

Ne croyez pas que nous soyons en plein délire. En Suisse existe une deuxième monnaie, le WIR, utilisé par près de 70.000 entreprises en plus du Franc suisse. Cette monnaie a vu le jour au cœur de la première grande crise en 1932. Le recul que nous avons maintenant a mis en évidence l’intérêt de ce système à double monnaie. En cas de crise, comme actuellement, la monnaie secondaire prend le relai et joue un rôle de régulateur de l’économie. L’idée que nous avançons ici est certes plus révolutionnaire, mais le principe reste le même. Une monnaie n’est qu’un outil que l’on peut façonner à notre guise. Il suffit de savoir ce que l’on veut. 

Nous avons bien conscience qu’en quelques lignes il est difficile de décrire les possibilités qui s’offrent à nous à divers niveaux car, sans attendre,émergent ici et là u peu partout dans le monde ds monnaies citoyennes locales. Nous ne faisons qu’ouvrir une porte en espérant qu’elle ouvrira en même temps celle de notre prison mentale, car fondamentalement les problèmes de dette, de finance et d’économie ne sont que des « tigres de papier » ; ils n’existent que dans notre tête. Changeons notre représentation des choses et nos problèmes disparaitront. 

  A LIRE : 

“La dette publique une affaire rentable - A qui profite le système ? ” André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, Editions Yves Michel 

“Une monnaie nationale complémentaire” André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder, Editions Yves Michel 

“Les monnaies locales complémentaires, pourquoi comment” Philippe Derudder, Editions Yves Michel 

  Philippe DERUDDER anime aussi l’association AISES Association Internationale pour le Soutien aux Economies Sociétales www.aises-fr.org

Publié dans NOTRE AVENIR

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